Prise de son
Il y a pratiquement autant de sons de guitare qu'il y a de guitaristes,
néanmoins, on peut dresser une liste des généralités,
et des problèmes particuliers auxquels on est le plus souvent
confronté en studio avec cet instrument.
Le rôle de la
guitare dans les arrangements
Le premier conseil à
donner serait d'anticiper "l'emplacement" dans le mixage
définitif des diverses parties de guitare pour chaque morceau.
Dans la plupart des styles musicaux, il vaut mieux qu'il y aie un
équilibre des instruments dans la stéréophonie.
Grosso-modo : si une guitare joue une partie à gauche de
l'espace stéréophonique pendant tout un morceau sans
qu'il y aie quoi que ce soit (autre guitare, clavier, bruitage divers,
...) à droite pour rééquilibrer le mix, ce
dernier sera, justement... déséquilibré.
Essayez de prévoir les parties (généralement
les rythmiques) qui devront être doublées s'il n'y
a qu'un guitariste. Cela permettra de placer chaque exemplaire de
cette même guitare à chaque extrême de la stéréophonie.
Pour les autres parties, petits gimmicks de couplets ou solos par
exemple, un doublage n'est pas nécessaire.
Si votre formation musicale comporte deux guitaristes (ou plus)
alors il n'est normalement pas nécessaire de doubler les
parties rythmiques, puisque chaque guitariste peut occuper un côté
de l'image stéréophonique.
Remarque : Pour
certains styles musicaux (le metal notament) où les guitares
tiennent un rôle de "remplissage extrême",
il est souvent intéressant de doubler chaque guitare rythmique,
ce qui donne 4 parties rhytmiques dans un groupe comportant 2 guitares !
Pour certains groupes, il n'est pas nécessaire d'avoir recours
à cette "astuce" pour obtenir un gros son, il suffit
que le son de base de chaque guitariste soit déjà
satisfaisant.
Guitare acoustique
Je préfère
me répéter à chaque rubrique que d'oublier
de dire que la qualité de l'instrument compte autant que
celle du musicien. Ce pourrait être une bonne idée
de louer un instrument de bonne facture (bonne lutherie, réglages
impeccables), si votre propre guitare sonne comme des élastiques
tendus au-dessus de l'ouverture d'une boîte de conserve, avant
d'entrer un studio.
Prévoyez quelques jours d'accoutumance à l'instrument,
autrement dit : louez quelques jours avant d'entrer en studio.
Il faudra vraiment développer
un jeu très propre pour éviter tous les bruits de
frottements de corde à chaque changement d'accord. Trop souvent,
l'ingénieur du son récupère plus de 'chuintements'
que de notes avec ses micros. Et si vous utilisez un capteur (aussi
appelé cellule, pour certains), celui-ci captera ces frottements
tout aussi bien ! Ce n'est donc pas une échappatoire.
Puisqu'on parle de jeu
propre, prévoyez plusieurs types de médiators avant
d'entrer en studio. Souvent, un guitariste habitué à
jouer de la guitare électrique avec un médiator de
1 mm utilisera le même pour les parties jouées à
l'acoustique. Résultat : ça frise de partout car les
cordes sont trop sollicitées par le médiator qui est
trop dur. Préférez un médiator de 0,4 mm.
La respiration très
lourde adoptée par la plupart des musiciens lorsqu'ils s'appliquent
passe très bien dans les micros ! Entraînez vous à
respirer doucement lorsque vous jouez. Si vous utilisez un capteur
en revanche, ce problème ne se pose pas.
Pour les 12-cordes, il
peut être intéressant de monter deux cordes à
la même octave (avec un des deux jeux à tirant beaucoup
plus faible sous peine de voir votre manche se tordre). Le son en
est moins "gnangnan".
Il peut être utile
de prévoir un bottleneck, même si son utilisation n'était
pas envisagée avant d'entrer en studio.
Pour ceux qui utilisent
un capteur, utilisez un câble spécial très basse
impédance pour guitare et basse, plutôt que le premier
jack-jack qui vous tombe sous la main. Ils permettent de faire de
longues distances sans que le signal ne "s'essouffle".
Cinq mètres de cable coûtent entre 35 et 45 €.
Guitare électrique
L'ampli
On distingue la tête
d'ampli et le corps (qui comporte les haut-parleurs), à moins
d'avoir affaire à un combo.
Chaque ampli (Marshall,
Mesa Boogie, Fender, Peavey...) possède un son caractéristique
qui lui est particulier : vous seul pouvez déterminer
lequel est adapté à vos besoins.
Certaines combinaisons tête / H.P. produisent de
petits "clics" assez gênant en son saturé :
veillez à ce que votre ampli ne fasse pas partie de ceux-ci !
Vérifiez, en tendant bien l'oreille pendant que quelqu'un
joue à votre place, que le son saturé est bien propre.
Il est paradoxal de parler de propreté sur un son saturé,
mais ces parasites donnent tout de suite un côté amateur
au son. Si votre style de musique comporte beaucoup d'accords brutalement
étouffés, ces parasites ne seront pas très
agréables pour les auditeurs, puisqu'ils déborderont
invariablement dans les trous, d'autant l'ingénieur du son
ne pourra pas les retirer efficacement.
Vérifiez aussi
que votre corps (boîte où sont fixés les HPs)
est dénué de bruits parasites dus à des vis
de grille de protection mal fixées, ou tout autre objet qui
n'est pas fermement ancré.
Profitez-en pour identifier
le haut-parleur qui restitue le mieux le son qui vous plait. Ca
peut se faire en mettant son oreille tour à tour devant chaque
pavillon, mais si vous jouez à des volumes élevés,
il est préférable d'éviter cette méthode.
Dans ce cas, placez un micro (type Shure SM 57 par exemple) à
5cm d'un HP, plein centre, bien perpendiculaire, et écoutez
attentivement le résultat. Demandez à un comparse
de le placer alternativement devant chaque HP jusqu'à identifier
celui qui vous semble le plus représentatif de ce que vous
voulez entendre.
Bien entendu, c'est ce même HP que vous conseillerez à
l'ingénieur qui s'occupe du placement des micros (l'ingénieur
des retours, généralement) de reprendre lors d'un
concert.
En ce qui concerne le
réglage de l'ampli : n'oubliez pas que le micro sera placé
à quelques centimètres d'un des HP. Un son qui vous
semble correctement dosé en aigus et en graves à 3
mètres des HP sera différent une fois repris par le
micro. Ne vous étonnez pas si l'ingénieur du son vous
demande de modifier ces réglages, il essaie de retrouver
le son qui vous plait à 3 mètres, via la micro.
Si vous avez un pédalier
qui commande des changements de sons dans l'ampli, essayez (lorsque
c'est possible dans la tête d'ampli) de conserver un niveau
sonore homogène lorsque vous passez d'un son à l'autre.
Les sorties "line
out" des têtes d'ampli ont presque toujours un son sans
intérêt, voire mauvais, mais qui peut être intéressant
dans certains cas. Il faudra passer par un boîtier DI pour
ramener le signal dans les meilleures conditions dans la console.
Quant aux cables, les
conseils prodigués pour les guitares acoustiques sont également
valables pour les électriques.
La guitare elle-même
Accordage : l'idéal
serait d'avoir un seul accordeur pour tout le groupe, sur lequel
chacun viendra se brancher dès qu'il y a un doute. On évite
ainsi les erreurs dues à deux accordeurs, voire trois, qui
ne sont déjà pas d'accord entre eux.
Il est recommandé
de prévoir deux jeux de cordes de rechange : on n'est
jamais trop prévoyant. Pour les parties rhytmiques, un jeu
de cordes tout neuf permet une attaque franche et nette même
dans les graves.
Pour ces mêmes
parties rythmiques, privilégier un tirant fort, comme du
53, surtout si vous êtes en accordage drop (décalé
vers le grave par rapport au Mi). La corde est lourde, elle frise
moins, et surtout, elle respecte mieux l'accord car elle plie moins.
Si on n'a pas l'habitude de jouer avec un tel tirant, il s'agit
d'une chose à entreprendre bien avant d'entrer en studio,
pour ensuite être à l'aise.
Pour les autres parties, y compris les solos, un tirant plus fin
conviendra (du 42 par exemple).
Les effets
Le placement des effets
n'est pas soumis à de réelles règles :
en effet, les placer dans une position non conventionnelle pourra
produire un son tout à fait interressant.
Cependant, beaucoup de
guitaristes se demandent comment régler les niveaux d'entrée
et de sortie de leurs effets. Bien qu'il n'y ait aucune règle
absolue, si votre but est d'avoir un signal propre.
Iil vaut mieux mettre tous les potards de sortie à fond,
pour que l'effet suivant ait le maximum de signal possible (sauf
si l'effet suivant sature, même avec un niveau d'entrée
très faible, auquel cas on baisserait un peu la sortie de
l'effet précédant). Après cela, pour les niveaux
d'entrée, il suffit de chercher le niveau maximal avant saturation
: vous avez au moins une diode pour cela, le rouge ne devrait jamais
s'allumer.
Il va sans dire que les mêmes règles s'appliquent aux
effets numériques et aux effets analogiques. Tous deux ramènent
du souffle en sortie lorsque le signal d'entrée est faible.
Il est préférable
de travailler avec des effets qui ont été prévus
pour des guitares ou des basses (pour des raisons d'impédances)
plutôt que pour une console. Brancher une guitare dans un
effet de studio qui n'a pas d'entrée instrument, résulte
en un son bardé de souffle, dont il ne reste plus que les
médiums.
En ce qui concerne les
effets de délai (ou, plus particulièrement, d'écho)
ou de réverb, ne pas oublier que les studios disposent généralement
d'effets de bien meilleure qualité que ceux d'un rack de
guitariste ordinaire. Essayez de noter pour chaque morceau ou passage,
lorsque c'est possible (la plupart des pédales d'effet n'ont
que des graduations sans chiffres sur leurs potards), les valeurs
de délai en milliseconde afin de pouvoir les communiquer
rapidement à l'ingénieur du son, s'il estime pouvoir
obtenir un meilleur son global en remplaçant une partie de
vos effets par les siens.
Une chaîne importante
d'effets, chacun alimenté par son propre transformateur produira
un son chargé de bruits de fond (buzz, souffle et
autres ronflements). Si vous désirez vraiment utiliser un
transformateur, notez l'ampérage pour lequel chacune de vos
pédale fonctionne, faites-en la somme, à laquelle
vous ajouter environ 1A (afin d'avoir une marge de sécurité
et du "mou" si vous désirez ajouter d'autres effets
par la suite). Achetez alors un transformateur 230V AC - 9V DC correspondant
à cette valeur d'ampérage.
Remarque : 100mA = 0,1A
Notez tout de même que pour obtenir le meilleur son possible,
il est de loin préférable d'utiliser des piles, même
si à long terme leur utilisation s'avère plus onéreuse.
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